Qu'est-ce que l'EMDR*?L’EMDR est une approche thérapeutique qui permet au cerveau de débloquer puis « digérer » une information du passé associée à des émotions douloureuses. Cette thérapie a été inventée en 1987 par la psychologue américaine Francine Shapiro. Elle s’est progressivement développée dans le reste du monde. En France, elle a été introduite par David Servan-Schreiber qui a travaillé aux États-Unis avec Francine Shapiro. L’EMDR est reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé (cf. le communiqué), ainsi que par la Haute Autorité de la Santé en France (cf. le document HAS) et l'INSERM (cf. le rapport) pour son efficacité dans le traitement de troubles liés à des traumatismes. Comment ça fonctionne ?Lorsque nous sommes exposés à un événement qui provoque en nous une émotion intense, il se peut que l’intensité de cette émotion dépasse notre seuil de tolérance, c’est-à-dire la limite de ce que nous pouvons supporter. À noter qu’il n’y a pas de « seuil universel », cette limite est propre à chacun.
Lorsque ce seuil de tolérance est dépassé, toutes les informations enregistrées au moment de ce «débordement » (images, sons, odeurs, bruits, émotions, etc.) restent bloquées dans une zone de notre cerveau et ne peuvent pas être traitées comme les autres informations durant notre sommeil. Rappelons que lorsque nous dormons – plus particulièrement durant la phase de sommeil paradoxal** – notre cerveau est en plein travail : il trie et « range » les informations accumulées durant la journée en les mettant en lien avec d’autres informations déjà stockées dans des mémoires à plus long terme. C’est ce traitement qui permet de « digérer » et prendre du recul progressivement par rapport à des événements douloureux. À noter que, durant ce travail, nos paupières sont baissées mais nos yeux font des mouvements rapides alternés de gauche à droite et de droite à gauche (ou REM***). Si, pendant le sommeil, ce traitement ne peut avoir lieu, l’information liée à l’événement traumatique reste non digérée et conserve la même intensité quel que soit le temps écoulé depuis cet événement. Rappelons que cette information correspond en fait à un ensemble d’éléments – images, sons, odeurs, bruits, émotions – qui sont liés entre eux. Aussi, si l’on se trouve confronté à un nouvel événement – appelé déclencheur –, qui comporte des ressemblances à l’un des éléments stockés – par exemple une odeur ou un bruit –, l’émotion intense qui lui est liée surgit aussitôt, avec la même intensité que lors de l’événement traumatique initial, même si de nombreuses années se sont écoulées entre les deux. L’EMDR utilise des stimulations bilatérales alternées (SBA) qui sont souvent visuelles (mouvements oculaires), mais peuvent également être auditives (sons alternés) ou tactiles (tapotements sur les genoux ou les mains par exemple). Ces stimulations sont pratiquées par le thérapeute pendant qu’il aide le patient à évoquer le souvenir traumatique. Elles permettent au cerveau d’accéder aux informations bloquées, de les réintégrer dans le circuit de traitement des informations, et de leur permettre de devenir des souvenirs sans contenu émotionnel fort associé. Ces mauvais souvenirs restent donc toujours en mémoire, mais le patient peut désormais y repenser de manière détachée, sans déclencher d’émotion particulière. L’EMDR ne s’applique pas exclusivement aux Traumatismes (avec un grand T), mais peut se montrer efficace pour débloquer des phobies ou réduire la charge émotionnelle de sources d’angoisse. Que se passe-t-il durant une séance ?Au préalable, quelques entretiens sont nécessaires avec le thérapeute afin de :
Le retraitement par EMDR peut alors commencer. Le thérapeute aide le patient à évoquer le souvenir traumatique tout en veillant à ce que le patient reste dans sa fenêtre de tolérance. Puis il effectue une série de stimulations bilatérales alternées. Dans le cas de mouvements oculaires, le patient suit des yeux les mouvements faits par le thérapeute avec ses doigts ou un objet pendant un court moment – entre une trentaine de secondes et quelques minutes – et il doit simplement observer ce qui lui vient à l’esprit en termes de pensées et d’émotions. A la fin de la série, le thérapeute interroge brièvement le patient sur ce qui est venu pendant la série, puis effectue une nouvelle série de stimulations bilatérales alternées. Le thérapeute laisse ainsi librement fonctionner les associations d’idées effectuées par le cerveau du patient, en lien avec le souvenir douloureux. Au fil des sessions de stimulations, le patient va établir de nouvelles associations avec d’autres éléments d’information stockés dans des zones de mémoire fonctionnelles, c’est-à-dire facilement accessibles par le cerveau, ce qui fournit à ce dernier un chemin d’accès vers les informations traumatiques qui restaient bloquées dans une zone de mémoire inaccessible. Maintenant que ce chemin est établi, le cerveau peut durant les nuits suivantes continuer à travailler sur cette information pendant la phase de sommeil paradoxal et digérer progressivement l’événement traumatique initial. Pour aller plus loin...Le site de l’association EMDR France propose des informations complémentaires sur l’EMDR, incluant des témoignages de patients ayant expérimenté l’EMDR, ainsi que la liste des praticiens accrédités par l’association.
Il alerte également sur la multiplication des labels EMDR non reconnus par EMDR Europe et les risques associés: Alerte / Avertissement Deux autres listes de praticiens sont disponibles sur les sites d'organismes de formation suivants :
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* EMDR : Eye Movement Desensitization and Reprocessing – Désensibilisation et retraitement par mouvements oculaires
** Sommeil paradoxal : phase de sommeil caractérisée par des mouvements oculaires rapides (REM : Rapid Eye Movements), une inertie complète des muscles du corps, une respiration et un rythme cardiaque irréguliers, ainsi que par une activité cérébrale intense proche de celle du réveil (d’où le « paradoxe »). *** REM : Rapid Eye Movement - Mouvement Oculaire Rapide |